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recommençais à la pénétrer; ni l'un ni l'autre nous n'avions joui, à chaque fois qu'elle me touchait je rebandais
facilement, sa chatte était restée constamment humide. Elle se sentait bien, je le voyais, l'apaisement emplissait son
regard. Vers neuf heures, elle me proposa d'aller dîner dans un restaurant italien près du parc Montsouris. La nuit
n'était pas encore tout à fait tombée; il faisait très doux. Je devais passer chez moi ensuite, si je voulais, comme
d'habitude, aller au bureau en costume-cravate. Le serveur nous apporta deux cocktails maison.
«Tu sais, Michel... me dit-elle une fois qu'il se fut éloigné, tu pourrais très bien t'installer chez moi. Je ne crois
pas que ce soit nécessaire de jouer plus longtemps la comédie de l'indépendance. Ou bien, si tu préfères, on peut
prendre un appartement à deux.»
Oui, dans un sens, je préférais ; disons, j'avais davantage l'impression d'un nouveau départ. D'un premier
départ, à vrai dire, en ce qui me concernait ; et, dans son cas, finalement, aussi. On s'habitue à l'isolement, et à
l'indépendance ; ce n'est pas forcément une bonne habitude. Si je voulais vivre quelque chose qui ressemble à une
expérience conjugale, c'était de toute évidence le moment. Je connaissais bien entendu les inconvénients de la
formule ; je savais que le désir s'émousse plus vite au sein d'un couple constitué. Mais il s'émousse de toute façon,
c'est une loi de la vie ; et il est peut-être possible, alors, d'atteindre une union d'un autre ordre  beaucoup de
personnes, quoi qu'il en soit, l'ont pensé. Ce soir, de toute façon, mon désir pour Valérie était loin d'être émoussé.
Juste avant de la quitter, je l'embrassai sur la bouche; elle ouvrit largement les lèvres, s'abandonnant complètement
au baiser. Je passai les mains dans son jogging, sous sa culotte, posai mes paumes sous ses fesses. Elle recula son
visage, regarda à gauche et à droite : la rue était parfaitement calme. Elle s'agenouilla sur le trottoir, défit ma
braguette, prit mon sexe dans sa bouche. Je m'adossai aux grilles du parc ; j'étais prêt à venir. Elle retira sa bouche
et continua à me branler de deux doigts, tout en passant son autre main dans mon pantalon pour me caresser les
couilles. Elle ferma les yeux; j'éjaculai sur son visage. À ce moment, je crus qu'elle allait avoir une crise de larmes ;
mais finalement non, elle se contenta de lécher le sperme qui coulait le long de ses joues.
Dès le lendemain matin, je me mis à faire les petites annonces ; il fallait plutôt chercher dans les quartiers sud,
pour le travail de Valérie. Une semaine plus tard, j'avais trouvé : c'était un grand quatre-pièces au trentième étage
de la tour Opale, près de la porte de Choisy. Je n'avais jamais eu, auparavant, de belle vue sur Paris; je ne l'avais
jamais tellement recherché non plus, à vrai dire. Au moment du déménagement, je pris conscience que je ne tenais
à rien de ce qui se trouvait dans mon appartement. J'aurais pu en tirer une certaine joie, ressentir quelque chose qui
s'apparente à l'ivresse de l'indépendance; j'en fus au contraire légèrement effrayé. Ainsi, j'avais pu vivre quarante
ans sans établir le moindre contact un tant soi peu personnel avec un objet. J'avais en tout et pour tout deux
costumes, que je portais à tour de rôle. Des livres, oui, j'avais des livres ; mais j'aurais pu facilement les racheter,
aucun d'entre eux n'avait quoi que ce soit de précieux ni de rare. Plusieurs femmes avaient croisé mon chemin ; je
n'en conservais aucune photo, ni aucune lettre. Je n'avais pas non plus de photos de moi : ce que j'avais pu être à
quinze, vingt ou trente ans, je n'en gardais aucun souvenir. Pas non plus de papiers véritablement personnels : mon
identité tenait en quelques dossiers, aisément contenus dans une chemise cartonnée de format usuel. Il est faux de
prétendre que les êtres humains sont uniques, qu'ils portent en eux une singularité irremplaçable ; en ce qui me
concerne, en tout cas, je ne percevais aucune trace de cette singularité. C'est en vain, le plus souvent, qu'on s'épuise
à distinguer des destins individuels, des caractères. En somme, l'idée d'unicité de la personne humaine n'est qu'une
pompeuse absurdité. On se souvient de sa propre vie, écrit quelque part Schopenhauer, un peu plus que d'un roman
qu'on aurait lu par le passé. Oui, c'est cela : un peu plus seulement.
5
Durant la deuxième quinzaine de juin, Valérie eut à nouveau énormément de travail ; le problème de travailler
avec des pays multiples, c'est qu'avec les décalages horaires on pourrait pratiquement être en activité vingt-quatre
heures sur vingt-quatre. Il faisait de plus en plus chaud, l'été promettait d'être splendide ; pour l'instant, nous n'en
profitions pas beaucoup. Après mon travail j'aimais bien aller faire un tour chez Tang Frères, je fis un essai pour
me mettre à la cuisine asiatique. Mais c'était trop compliqué pour moi, il y avait un nouvel équilibre à trouver entre
les ingrédients, une manière particulière de hacher les légumes, c'était presque une autre structure mentale. Je me
rabattis sur la cuisine italienne, quand même plus à ma portée. Je n'aurais jamais pensé que je trouverais, un jour
dans ma vie, du plaisir à faire la cuisine. L'amour sanctifie.
Dans la cinquantième leçon de sociologie, Auguste Comte combat cette «étrange aberration métaphysique» qui
conçoit la famille sur le type de la société. «Fondée principalement sur l'attachement et la reconnaissance, écrit-il,
l union domestique est surtout destinée à satisfaire directement, par sa seule existence, l'ensemble de nos instincts
sympathiques, indépendamment de toute pensée de coopération active et continue à un but quelconque, si ce n'est à
celui de sa propre institution. Lorsque malheureusement la coordination des travaux demeure le seul principe de
liaison, l'union domestique tend nécessairement à dégénérer en simple association, et même le plus souvent elle ne
tarde point à se dissoudre essentiellement.» Au bureau, je continuais à en faire le minimum; j'eus quand même deux [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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